Une mission de l’hivernage 2025
Patrick MOULINIER, Elie CHAMBAULT
Respectivement Président et Trésorière de l’ONG CERADS
Préambule:
Depuis 2017, les ONG CERADS et AGIR Essonne, ont mis en place quatre périmètres irrigués sur deux villages du Fuuta : Doumga Rindiaw et Agnam Lidoubé. Ils représentent une surface exploitée de 4 hectares et demi. Initialement conçus pour répondre à une demande des villageoises de productions maraîchères, à retour rapide de production, nous avons pu les convaincre aisément d’associer aux légumes des productions fruitières, principalement mangues et citrons, à retour décalé de production. Les premiers vergers entrent donc en production. Conscients qu’une production massive de fruits (nous visons une production de 45 tonnes par campagne) ne pourra pas être écoulée en frais au moment de la pointe de production, nous avons donc mis en place un programme de formation à leur transformation. Nous nous sommes abstenus de la transformation en jus, qui nécessiterait une maîtrise coûteuse de la chaîne du froid, pour envisager trois filières :
- Mangues séchées
- Confitures mangues et citrons
- Sirop de citrons
Ce projet a été rendu possible grâce à l’appui financier du Crédit Agricole, et par la présence dans notre équipe de Mme Marceline Diène, Directrice de CERADS Sénégal, qui dispose d’une solide formation en techniques agro-alimentaires ; Elle a ainsi pu assurer quatre cycles successifs de formation à 21 femmes des villages pre-cités, en quatre ateliers : mangues séchées, confiture de mangues, sirop de limes, confiture de limes. Le déroulement détaillé de ces ateliers est décrit dans le développement de cet article.
Atelier mangues séchées à Doumga Rindiaw : Dimanche 29 juin
Doumga a été retenu pour l’atelier de séchage car il a été équipé par une autre ONG de fours de séchage à gaz. Malheureusement, lors de la mise en place de l’alimentation en gaz, nous constatons une fuite importante à l’alimentation des brûleurs. L’équipement est inutilisable. Marceline décide de pratiquer un séchage au soleil et nous récupérons les claies de séchage de l’équipement. L’atelier s’adresse à sept femmes du GIE Baamtaré, qui nous accompagneront lors des sessions suivantes. Les phases du processus : lavage des fruits (il n’y a plus de mangues au verger : fructification fin mai/début juin, mais il y a encore abondance de mangues au marché, origine Casamance), épluchage, découpage en tranches fines (comme des chips de mangue), étalage sur grille. Quinze kg de fruits ont été transformés par six femmes en deux heures.
Atelier confiture de mangues : Lundi 30 juin
Pour la suite de la formation, nous rejoignons le village d’Agnam Lidoubé, qui dispose d’un lieu collectif, les salles de l’UFAL, Union des femmes d’Agnam Lidoubé. Quinze agricultrices de Lidoubé plus six de Doumga sont présentes, soit 21 participantes.
Épluchage des mangues, découpage en carrés. 1/3 des mangues est râpé (pour produire du liant), les 2/3 restent en morceaux, stérilisation des pots, pesage du sucre (80 % du poids des mangues, cuisson mangues et jus pendant quinze minutes, ajout de jus de citrons verts.

Quinze pots de confitures sont remplis à partir de 3.8 kg de fruits
Atelier sirop de limes : mardi 1er juillet
Lieu : Lidoubé.
Pressage des citrons, dilution dans l’eau, filtration (pour éliminer pulpe et pépins), pesée du sucre, chauffage, mise en récipient à chaud.
Atelier confitures de limes : mercredi 2 juillet à Lidoubé
Lavage puis Épluchage des fruits, élimination des parties blanches, découpage en morceaux, pesage du sucre et cuisson. A noter que les citrons verts sont encore abondants dans les vergers, il s’agit d’une production locale.
Conclusions et suite du projet :
Ce projet, dans la continuité des investissements consentis pour créer de toute pièce des espaces de maraîchage irrigués avec vergers associés, est parfaitement cohérent de la démarche du CERADS de générer des activités productives, souvent nouvelles dans les communautés rurales avec lesquelles nous travaillons. Les bénéficiaires de ces formations ont été très assidues, réceptives au changement (il n’est pas habituel de produire des confitures, surtout au Fuuta), et fières des productions réalisées : chaque femme est repartie avec son lot de production : sirop, confiture, ce qui contribue à la fierté de l’activité menée. Tout le matériel nécessaire à la production est entre les mains des productrices. Nous serons bien sûrs attentifs à l’usage qui pourra en être fait à l’avenir, dans les deux villages. Mais commercialiser ces produits au-delà de l’autoconsommation familiale nécessitera un appui d’agrément auprès des autorités sanitaires, ainsi qu’un appui commercial auprès notamment de l’hôtellerie régionale. Un nouveau défi que nous nous apprêtons à relever !








