Un projet dans une période compliquée

Fin 2021, deux associations françaises, AGIR Essonne et le CERADS, en relation avec leurs partenaires au Sénégal, l’AFJD – Association des femmes et des jeunes de Doumga Rindiaw, et ADSCAL, Association pour le développement socio-culturel d’Agnam Lidoubé, lancent une nouvelle initiative de création de verger en zone climatique aride du Sénégal, sur le village de Doumga Rindiaw, en région de Matam. Le démarrage intervient en pleine épidémie de Covid-19, sans possibilité de traiter directement avec les entreprises chargées des marchés. Nous avons heureusement traité avec des partenaires fiables, tant en ce qui concerne la ressource en eau, que la maîtrise d’œuvre générale du projet.

Il ne s’agit pas de notre première expérience en matière d’arboriculture dans le Fuuta, puisque deux vergers-pilotes, ont été précédemment installés, en association avec du maraîchage, respectivement en 2018 puis 2019, sur Doumga Rindiaw et Agnam Lidoubé. La croissance des arbres est satisfaisante, elle demande toutefois quatre à cinq ans d’attente pour l’entrée en production, nous avons donc un peu anticipé !

La ressource en eau :

Changement radical de technique sur ce volet fondamental. Les nouveaux sites se trouvent en zone de Walo (la zone alluviale du fleuve Sénégal ) alors que nos deux premiers pilotes se trouvaient en zone de Diéri (les zones de contrefort du plateau, moins pourvues en eau). En Diéri, nous exploitions l’aquifère par puits, délivrant au mieux 15 à 20 m3/jour.

Pour ce nouveau projet, en zone de Walo, nous avons expérimenté la technique de mini-forage, plus risquée mais moins coûteuse en volume d’eau produit. Captant l’eau jusqu’à 50 mètres de profondeur (donc sans atteindre l’aquifère mobilisé pour l’eau potable), le forage permet d’exploiter en une heure ce que produit un puits en un jour ! Merci à notre entrepreneur matamois de forage, et à notre maître d’œuvre dakarois pour le contrôle, alors que la pandémie nous contraignait à des contacts internet ou téléphoniques .

Moyens d’exhaure :

Pas de révolution pour ce domaine : pompe électrique immergée solaire, de débit compris entre 16 et 17 m3/heure, cohérente avec les capacités du forage.

Irrigation et plantation : 

Nouvelle inflexion quant au mode d’irrigation :

Il s’agit tout d’abord de la première mise en place sur Doumga Rindiaw d’un système automatisé d’irrigation. Le premier périmètre était alimenté à partir de réservoirs. Ce nouveau verger est irrigué par un nouveau réseau de micro-asperseurs. Il est un peu plus consommateur en eau que du goutte à goutte, mais n’est pas sujet aux attaques de rongeurs sur les goutteurs, que nous avons connu ailleurs dans le Fuuta. C’est donc une garantie de la pérennité de notre investissement. Il fonctionne avec la même pression que du goutte à goutte, mais délivrée par la pompe, sans recours à un réservoir surélevé, donc des économies substantielles de génie civil. Deux micro-asperseurs ont été mis en place pour chaque arbre planté.

La plantation fruitière a été assurée par notre prestataire habituel, à partir de plants sélectionnés de l’ISRA de Sangalkam : 88 arbres au total (40 manguiers, 10 goyaviers, 10 citronniers, 10 anacardiers, 10 corossoliers et 8 papayers).

L’objectif sur 2023 est de compléter ce dispositif par un quatrième périmètre sur Agnam Lidoubé, en zone de Walo, afin d’aboutir à une surface cumulée de cinq hectares d’arboriculture qui permettrait d’envisager des transformations artisanales : mangues séchée, sirop de limes , confitures mangue/citron.

Ce qui constitue notre objectif : reverdir le Sahel