Une activité dense et variée pour le CERADS en ce début d’année 2016, organisée autour d’un nouveau long séjour (7 février -18 avril) des Moulinier sur plusieurs zones (Dakar, Saint-Louis, Sine Saloum et Fuuta) puis d’une mission conjointe de Marc Verwilghen (Trésorier) et Eugène N’Dione (correspondant permanent) : Casamance, Fuuta et Saint-Louis. 

http://www.cerads.org/mission-de-marc-verwilghen-du-24-avril-au-7-mai-2016/

L’évolution et le stade d’exécution des principaux projets de l’ONG sont décrits dans le présent compte-rendu.

Les périmètres irrigués

Il s’agit bien sûr des projets qui bénéficient de la plus forte mobilisation financière, concentrée actuellement sur deux périmètres villageois à Sinthiou Garba et Agnam Lidoubé. Ces deux projets ont été menés selon une démarche technique comparable : mobilisation de nouvelles ressources en eau, installation de pompes et de réservoir pour l’irrigation, installation de kits d’irrigation « goutte à goutte ». Le premier semestre 2016 a vu se concrétiser deux types d’action :

  • un contrat passé avec notre partenaire de Saint-Louis, Delta irrigation, pour la réhabilitation des installations de goutte à goutte des deux périmètres.
  • la finalisation des programmes de formation, contractualisée avec l’ANCAR – Agence nationale de conseil agricole et rural, à destination des groupements féminins concernés.

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Ces deux actions parachèvent la réalisation de ces deux projets, en attente aujourd’hui d’une possibilité d’extension de la couverture en irrigation « goutte à goutte », dépendante du volume de la ressource en eau et, évidemment, de la ressource budgétaire.

L’expérience acquise au cours de la réalisation de ces aménagements nous permet d’accompagner de nouvelles initiatives, en particulier celle d’un groupement de migrants d’Evry, dans l’Essonne, pour l’aménagement d’un nouveau périmètre à Doumga Rindiaw, près de Thilogne, soutenu par l’association AGIR Essonne.

La livraison du Zodiac à Dionewar

Il s’agit d’un micro-projet qui a bénéficié d’un réseau de solidarités et de compétences variées. Un ami et adhérent de Saint-Rémy lès Chevreuse est à l’origine de ce projet original, en faisant don à l’ONG de cette annexe entreposée en Normandie, après une carrière démarrée au Mozambique ! Des travaux de réparation s’avéreront nécessaires. Le transport du Havre jusqu’à Dakar –et le dédouanement du Zodiac- ont été confiés aux bons soins de la société Eiffage Sénégal. L’annexe a ensuite été confiée à l’équipe du Centre de Voile de Dakar, en baie de Hann, où Robert, pour la réparation des toiles, et Moussa, pour la partie mécanique, ont fait preuve d’un grand professionnalisme et d’une parfaite disponibilité. Les colles techniques étaient acheminées depuis la France par le CERADS. Toiles et moteur une fois réhabilités au CVD, il convenait d’acheminer le Zodiac vers son nouveau port d’attache, Dionewar, île de l’ouest du Saloum, où nous avions préalablement formé la petite équipe du GIE ‘Mama Nature’ au métier d’apiculteur : le bateau était en effet destiné à assurer la récolte du miel d’île en île.

Au CVD de Hann, nous avons eu la chance de faire la connaissance d’Erik Jouet, excellent skipper, qui restaure actuellement un catamaran (1), amoureux des îles du Saloum. Sa décision n’a pas pris plus que quelques heures, et Erik a convoyé avec nous le Zodiac de la baie de Hann jusqu’à Dionewar, en moins de cinq heures de navigation le long de la Petite Côte. Une fabuleuse expérience, pour laquelle nous remercions vivement toutes les personnalités impliquées dans cette chaîne de solidarité.

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Le développement de l’artisanat de « papyrus de Typha »

Autre « micro-projet » de l’ONG, sans doute appelé à devenir emblématique : la mise en place d’un atelier de papier d’art à partir du traitement de Typha australis, plante endémique du fleuve Sénégal , dont nous avons déjà largement rendu compte. Nous avions quitté les femmes du village de Maka en novembre 2015 après la session de formation à la confection de feuilles de papier d’art, conduite par nos amis égyptiens. A notre retour au village en février 2016, nous constatons qu’il ne s’était rien passé. Un rapide constat au village nous conduit à penser qu’il est nécessaire d’aménager un local indépendant des habitations et dédié à la production. Nous portons notre dévolu sur un local inachevé au centre du village, et négocions par contrat écrit avec le propriétaire un droit d’usage contre travaux de finition. Les travaux d’aménagement seront rapidement menés en fin de semestre et ce local rendu opérationnel pour cette activité.

Parallèlement, nous avons mené avec une jeune biochimiste demeurant à Saint-Louis, Marceline, des tests en laboratoire destinés à affiner les taux de soude jugés nécessaires et suffisants pour mobiliser la cellulose interne des cellules de moëlle de Typha. Une batterie d’essais contrôlés nous a conduit à arrêter un protocole basé sur une concentration de 15 g/l de soude caustique (contre plus de 40 g/l lors des premiers travaux avec les Egyptiens). Des tests sont aussi menés sur les temps de séchage afin d’assurer une qualité optimale au produit.

Ainsi, à l’achèvement du local destiné à la production, un protocole définitif de production a pu être mis en place, et Marceline mandatée à notre départ pour accompagner les villageoises de Maka dans le processus de production. Celles-ci fournissent à l’heure actuelle 40 à 50 feuilles par mois, de qualité jugée satisfaisante par l’artiste chargé de les valoriser, Papis. Sur les premières productions, une douzaine d’œuvres ont été vendues en France au prix unitaire de 30 €, assurant une rémunération tant aux villageoises de Maka qu’à l’artiste Saint-Louisien: vous pouvez admirer ces peintures en suivant le lien ci-après:

http://www.cerads.org/gallery-category/papyrus-de-typha-du-fleuve-senegal-1er-catalogue-2016/

Notre objectif aujourd’hui est double :

  • assurer et vendre une production originale pour les fêtes de fin d’année.
  • assurer un recyclage des bains de soude, par la production de savon noir, ce qui constituerait un complément de revenu aux femmes, tout en apportant une réponse environnementale à la production d’effluents dangereux.

(1) www.facebook.com/cataboomerang