La perception du mode d’irrigation qui nous semble le mieux adapté au contexte du Fuuta vient d’évoluer. Cet article en décrit les raisons et les nouvelles approches pour notre ONG.

Premières tentatives : le goutte à goutte

Il s’agissait du mode le plus évident, dans un contexte sahélien à fortes contraintes physiques : faibles ressources en eau en zone de Diéri (il est exceptionnel que la productivité d’un puits dépasse 20 m3 /jour.), limitation des pertes par évaporation.

Ce mode d’irrigation est expérimenté depuis 2010, d’abord sur le périmètre de Sinthiou Garba. Sa pérennité s’est d’abord heurtée à la qualité de la ressource, celle du forage puisant la nappe du Maestrichtien, trop riche en fer, et occasionnant des colmatages du réseau. Nous avons depuis, sur un programme complémentaire, réussi à mobiliser des ressources de qualité plus adéquate (puits à 35 mètres de profondeur à Sinthiou Garba).

Nous avons ensuite adopté cette technique sur un second périmètre, Agnam Lidoubé (2016), village qui dispose d’une plus longue expérience en matière d’agriculture irriguée.

Dans l’un et l’autre cas, on constate une désaffection pour ce mode d’irrigation. Notre diagnostic porte sur deux raisons principales :

– des attaques permanentes de rongeurs qui viennent s’abreuver aux goutteurs.

– une pratique de mise à l’abri des rampes de goutteur pendant l’hivernage.

Si une stratégie de lutte contre les rongeurs peut être élaborée, le rangement correct des rampes de goutteurs pendant l’hivernage nécessiterait des investissements plus lourds en bâtiments, grevant considérablement les conditions économiques de production.

Adaptation : l’irrigation localisée

Ce sont les solutions mises en œuvre par les femmes d’Agnam Lidoubé qui nous auront convaincus : conserver les rampes de distribution, mais remplacer les rampes de goutteur par des tés et des robinets au droit des planches individuelles. Elles ont le choix, soit d’y remplir des arrosoirs, soit d’y connecter un tuyau d’arrosage individuel muni d’une pomme d’arrosage.

Ce dispositif évite deux contraintes : le temps et la fatigue de trajet habituel entre le réservoir et la parcelle pour s’approvisionner en eau, la substitution d’un arrosage par gouttes fines (arrosoir ou pomme) à la bassine (peu respectueuse de la structure des sols, de l’intégrité des plantes, et de l’économie en eau).

 

 

C’est donc ce dispositif qui va prochainement être mis en œuvre à Sinthiou Garba, en simplifiant l’installation goutte à goutte existante, et qui sera mis en place pour la prochaine phase d’équipement de Doumga Rindiaw, à partir de cuves de grande capacité munies de rampes de robinets.

La récente campagne lancée conjointement par l’AFJD, AGIR Essonne et le CERADS, pour la fourniture de 200 arrosoirs, répondait à cette évolution du projet.