ou comment un petit ouvrage hydraulique améliore les conditions économiques d’un village sénégalais…
Diagambal est un village dont le CERADS accompagne le développement depuis le début des années 1990. Situé dans la région du delta du fleuve Sénégal, il a bénéficié de la construction d’une station de traitement d’eau potable, originale au plan national. Restant à ce jour le seul village bénéficiant localement du service de l’eau, il a attiré des populations peules qui se sont sédentarisées, avec leurs troupeaux, à proximité de Diagambal, au-delà d’un « marigot » situé à l’est du village.
En fait, il s’agit d’un défluent du canal de la SAED (société d’aménagement et d’équipement du delta), en communication avec le réseau hydrographique naturel (le Lampsar, bras sud du fleuve Sénégal), qui est ennoyé après l’hivernage pendant plusieurs mois. De ce fait, le marigot coupe les communications entre les hameaux des Peuls sédentarisés et le village principal – et la route nationale – nécessitant un long détour pour assurer les approvisionnements.
Les villageois ont sollicité notre ONG afin de contribuer au financement d’un ouvrage de franchissement du marigot : c’est « la digue des Peuls ». La digue a donc été édifiée en 2008 avec une contribution modeste de 1500 € de l’ONG, abondée par un financement local communautaire.
La mise en place de cette digue a toutefois entraîné des conséquences secondaires imprévues : les berges de la digue sont dépourvues de végétation (notamment l’invasion du Typha dont nous vous reparlerons prochainement). L’accès aux eaux du marigot en est donc facilité. Plusieurs pêcheurs s’y sont donc installés, pêchant de la carpe vendue en frais au village de Diagambal, et installant des nasses piégeant des silures, séchés et fumés ensuite dans un four, financé par un prêt de la Coopérative de micro-crédit de Diagambal (que le CERADS a abondée à hauteur de 40 % du capital social). Au cours de notre visite de décembre 2008, le pêcheur rencontré, M. Youssoufa Güeye, s’apprêtait à honorer une commande pour des commerçants maliens, de 300 kg de poissons fumés au prix de 800 à 1250 F. CFA le kg, soit une livraison de 300000 CFA (450 €) correspondant à 15 jours de pêche ! Huit familles de pêcheurs se sont apparemment installées pour exploiter les ressources piscicoles à proximité de la digue.
Le sechage et le fumage du poisson : Youssoufa Güeye devant le four financé par la coopérative de microcrédit