La construction du Centre artisanal de valorisation du Typha, à Maka Diama, vient de démarrer, grâce à l’impulsion donnée par l’affectation des financements accordés par l’ami Didier Arnoud.

Présentation générale du projet :

L’artisanat de transformation du Typha en papier d’art, imaginé par le CERADS au village de Maka Diama, constitue depuis 2016 une nouvelle activité économique régulière et en croissance. Au-delà des deux activités « papier » et « savon », la proposition d’adjoindre un troisième volet, l’accueil touristique, s’est vite imposée. Cela exigeait toutefois de pouvoir assurer à la fois, de bonnes conditions de travail à l’équipe de production, et des conditions d’accueil effectives aux groupes de passage.

Epluchage du typha

 

Séchage du savon

Notre Cahier des charges s’est constitué autour de la nécessité d’agrandir la surface (l’atelier actuel – 20 m² – est bien trop exigü) et d’exigences « bioclimatiques ». Engagés dans un premier temps vers une réflexion sur la « voûte nubienne », de nouveaux contacts avec l’équipe des chaumiers originaires du marais de Brière nous ont convaincus de l’opportunité de valoriser également le Typha en chaumes de couverture de ce nouveau bâtiment. De ce fait, ces choix constructifs nous ont rapprochés du programme international Tyccao –Typha combustible et construction en Afrique de l’Ouest – et du Ministère de l’environnement du Sénégal. Il a été décidé une construction des murs en BTC –Brique de terre compressée.

Une prestation d’architectes :

Compte-tenu du caractère novateur (par rapport aux choix habituels -parpaings de béton + toiture en tôle) et d’une complexité relative du projet, nous avons fait appel à deux jeunes architectes établis à Saint-Louis, ayant piloté une rénovation en BTC, à l’Institut français  : Laura Santos Rubio et Adriano Redondo, de l’Atelier Migrateur Architecture.

Déroulement classique de ce type de prestation : esquisses, avant-projet, projet définitif, avec consultation à chaque stade des partenaires impliqués dans la construction. Le bâtiment se développera donc sur 90 m², comprenant deux ateliers de chacun environ 20 m², un pour l’élaboration du papyrus de Typha, l’autre pour le savon, et une salle d’exposition des produits finis de 50 m², apte à recevoir du public.

 

Plan d’exécution

Visite de chantier pour l’implantation du bâtiment

Recherches parallèles :

L’origine des matériaux est devenue très rapidement une de nos préoccupations.

Assez simple à résoudre pour le Typha de couverture, puisque la ressource est toute proche. Elle a fait l’objet d’une visite de reconnaissance de la part de Mme Le Goff et son équipe : Daouda Sy, maître-chaumier, et Babacar Dièye, charpentier.

Un peu plus compliqué pour l’origine de la terre. Soucieux bien entendu de trouver une ressource saint-louisienne (avant tout, dans une optique de duplication du mode constructif), nous nous sommes munis de la tarière agronomique, puis d’une bêche, en sélectionnant deux sites d’extraction proches, l’un de Richard Toll, l’autre de Dagana. Les matériaux extraits ont fait l’objet d’une expertise par Didier Hubert, spécialiste de la BTC. Il est donc possible de réaliser une BTC à partir de matériaux relativement proches, sauf que ces carrières ne sont pas équipées de matériels d’extraction et de transport dédiés. Les devis établis pour résoudre cette difficulté ont naturellement abouti à des montants astronomiques, hors de notre budget.

Prélèvement de terre à la carrière de Bokhol près de Dagana

Essai de briques par Didier Hubert

Nous nous sommes donc résolus à travailler avec des matériaux issus de carrières exploitées en continu, dans la région de M’Bour, sous la conduite de l’entreprise chargée du lot BTC.

Si le bilan transport est théoriquement moins favorable, le bilan financier est plus acceptable, on touche du doigt le problème du développement d’infrastructures en région de Saint-Louis, et il ne s’agit pas du seul exemple…

Démarrage du chantier

Avril 2019 a donc vu le démarrage des deux chantiers :

– fondations (béton armé) avec notre partenaire historique, l’entreprise M’Baye Frères EMF.

– approvisionnement des matériaux et de la presse à BTC avec Didier Hubert. Une fois séchées, les près de 13000 briques nécessaires à l’édifice seront stockées dans un lieu sûr et à l’abri des intempéries de l’hivernage.

L’entreprise EMF implante le bâtiment

L’équipe de Didier Hubert dans les starting-block

– l’élévation des murs sera réalisée à partir d’octobre 2019.

– l’intervention des chaumiers, charpente-couverture, est prévue en janvier 2020.

Ce qui nous laisse encore quelques lettres d’information, pour vous permettre de suivre le déroulement de ce chantier.