Cet article décrit les différentes phases et difficultés de ce chantier, depuis notre dernière publication  ( le-centre-artisanal-du-typha-sort-des-sables ).

Il s’agit sans doute pour notre équipe, du chantier le plus ambitieux et le plus complexe, depuis celui de la station d’eau potable de Diagambal, 25 ans auparavant.

A – Les fondations

Confiées à notre partenaire historique, l’entreprise MBaye frères, ce lot a souffert, non pas d’insuffisances techniques majeures, mais d’un délai d’exécution inapproprié. Démarré fin avril 2019 et prévu pour quelques semaines, il n’a pu être achevé qu’après l’hivernage 2019.

Les raisons ? Sans doute un problème de management au sein de l’entreprise, notamment entre le chef d’entreprise historique et les équipes opérationnelles. Les temps changent et la conservation du pouvoir n’est pas un gage d’efficacité. Coût 6 600 €.

B- La confection des BTC et leur élévation

 
C’est la première bonne surprise de ce chantier. La fabrication de 13 000 briques de terre compressée (BTC) a été confiée à un artisan de Toubab Dialaw, Didier Hubert. Nous nous étions résolus (voir article ( le-centre-artisanal-du-typha-sort-des-sables )) à utiliser des matériaux issus de la région de Mbour.

Cette construction des BTC a été réalisée au village dans les délais (avant l’hivernage), conformément au prix convenu, puis stockées pendant l’hivernage dans la concession de la Trésorière d’Ande Jappo.

L’élévation des murs a été un autre motif de satisfaction. Confiée à Omar Sène, maçon spécialiste de la BTC attaché à l’équipe de Didier Hubert, cette phase a connu quelques difficultés au démarrage, pour des raisons bien diagnostiquées. Les artisans sénégalais sont excellents dans l’exercice de leur spécialité, mais ils ne sont pas des entrepreneurs au sens où on l’entend chez nous en Europe. Ce qui se traduit par une absence de fonds propres, et une incapacité chronique d’investissement dans des matériels annexes, pourtant nécessaires à leur activité. Nous avons donc passé une grande partie de notre présence sur place à alimenter le chantier en matériels, matériaux, et logistique, nécessaires à la bonne réalisation du chantier. C’était parfois des « inventaires à la Prévert » déconcertants, mais le résultat est là : les murs sont montés, avec un résultat technique et esthétique remarquable.

Coût BTC 5 451 € + Elévation 3 760 = 9 211 €

C- Les équipements sanitaires : Autre lot qui a donné toute satisfaction, la construction du lot sanitaire, avec bloc toilettes, fosse septique et traitement des effluents par épandage souterrain.

Il a été réalisé par une entreprise de Saint-Louis, Souleymane Sarr. Contrairement aux intervenants précédents, il s’agit d’une entreprise bien structurée, parfaitement autonome, qui nous a aidés pour des aspects logistiques d’approvisionnement du lot maçonnerie.

Pour la réalisation de l’épandage souterrain des eaux usées, technique peu connue au Sénégal, un suivi particulier de l’équipe du CERADS a été mis en place.

Coûts VRD 4 155 €

D- Les charpentes et la couverture en chaumes : Il s’agit du lot qui nous a causé le plus de soucis. Originellement inclus dans le programme international Tyccao (Typha combustible et construction en Afrique de l’ouest), nous apprenons que la construction de la charpente n’est pas incluse dans le financement que prend en charge Tyccao. Répondant à l’adage ; « les promesses n’engagent que ceux qui les entendent ».

Le CERADS a donc pris en charge financièrement le budget des bois de charpente, pour un coût de l’ordre de 8 000 €, avec beaucoup de vicissitudes d’approvisionnement, pour deux raisons :

– peu d’expérience de notre cabinet d’architecture sur les contraintes de ce type de toiture (les chaumes).

– pas de coordination à l’amont entre les couvreurs spécialisés et leur charpentier sénégalais pour ce type de bâtiment (une longère).

Il n’empêche, les charpentes ont été réalisées (améliorées esthétiquement ultérieurement) et les chaumiers de Brière (TypHAS – Typha Herbignac Action Sénégal) ont pu intervenir magistralement pour la couverture, dans le cadre d’un chantier-école, bien pris en charge à ce stade par l’organisation Tyccao.

Coût charpente 8 330 €

E- Les lots de finition : Ce sont les lots en cours, obérés par les contraintes que nous pose le confinement. La mise hors d’air du bâtiment, par l’entreprise Balla, de Saint-Louis, responsable du lot menuiseries. Ce lot s’achève.

La couverture des sols. Contraints par les dépenses imprévues du lot charpentes, nous avons opté pour une solution économique, mais qui s’avère esthétiquement réussie, la pose de carreaux de béton (entreprise Vieux Fall).

L’équipement du bloc sanitaire, nouveau marché confié à Souleymane Sarr.

Enfin, la pose des clôtures, dont le bois est commandé et payé, qui sera réalisé sous la responsabilité du village.

Coûts estimatifs 3 300 €

Il reste cependant 2 lots non engagés et non financés :

  • le portail qui sera l’emblème du centre, et dédié à Didier Arnoud,
  • les équipements intérieurs : bacs de trempage, paillasses, claies de séchage des savons, meuble pour la conservation du papier,…

F – La maîtrise d’œuvre : Rien n’eût été possible sans plusieurs missions des instigateurs de ce projet au CERADS, Marc Verwilghen, Maryse et Patrick Moulinier,Marceline Diène pour la coordination, et l’intervention permanente du cabinet d’architecture saint-louisien, Atelier migrateur architecture, dont Laura Santos Rubio et Adriano Redondo auront été nos fidèles concepteurs et conseillers à chaque phase de ce projet.

Coûts conception 2 560 €, coûts maîtrise d’œuvre 4 480 € = 7 040 €.

CONCLUSION : Ce projet original, conçu avec le maximum de matériaux locaux (briques de terre, toiture en chaumes de Typha) est destiné à devenir une vitrine pour les démonstrations de valorisation économique du Typha. Il dispose de beaucoup de qualités de résilience thermique et demeure esthétique. Sa réalisation a été rendue possible par la confiance de l’ami Didier Arnoud en nous confiant un legs dédié à cette construction. Il va abriter les activités artisanales du GIE féminin Ande Jappo, dont les membres ont suivi et soutenu la construction, tout en poursuivant les productions de papier de Typha et de savon. Nous espérons qu’il devienne un point d’accueil touristique. Mais nous sommes conscients que ses coûts intrinsèques de l’ordre de 40 000 € ne seront pas du jour au lendemain, transposables tels quels à l’habitat sénégalais.